Petit rappel de droit constitutionnel, 1ère année : les éléments constitutifs de l'Etat sont le territoire, la population et le pouvoir politique...
Vu les dernières nouvelles - et même avant, il est vrai - dans la gestion de la CAF, il ne serait pas fortuit, en effet, de se demander si notre chère confédération ne remplit pas les conditions juridiques de création d'un Etat. Primo, la condition du territoire est facilement remplie car, étant une instance continentale, la CAF peut prétendre avoir pour territoire ceux de tous ses Etats membres réunis, donc celui du continent. Secundo, s'agissant de la population, elle peut également revendiquer la population footballistique du continent. (Et Dieu sait combien les peuples sont passionnés de foot sous nos cieux.) Tertio, là où la CAF ressemble vraiment à un Etat africain, c'est lorsqu'il s'agit de vérifier si la condition du pouvoir politique est remplie. Alors là, croyez-moi, les choses sont encore plus aisées à établir. En effet, à la tête de l'instance se trouve un Président ressemblant trait pour trait à ses homologues... pardon, aux chefs d'Etats africains. Cette ressemblance, il faut la voir tant au niveau physique (c'est vrai qu'ici, les dirigeants ont presque tous vu au moins l'une des deux guerres mondiales) qu'au niveau de la gestion même du pouvoir (ceci expliquant cela, s'ils ont tous des têtes d'ancêtres c'est parce qu'une fois parvenus au commandement suprême, ils s'y accrochent avec toute la fougue d'une sangsue).
Si on récapitule donc, la CAF a bel et bien tout pour être un Etat - fédéral ou confédéral en l'espèce. (Ne me demandez pas quelle en serait la capitale.) Avec à sa tête l'éternel Président Ah! yatou. Oui, que ne suis-je pas surpris d'entendre encore aujourd'hui ce nom que je connais depuis mon enfance ! Ah! yatou... A croire qu'à part ce bonhomme, personne d'autre ne peut apporter son expérience au foot africain. Tout dans sa gestion rappelle celle d'un chef d'Etat africain : phobie de la contradiction, intéressement de l'entourage immédiat (pour briser les velléités de candidature), art du tripatouillage des textes, et j'en passe. En tout cas, ce n'est pas le pauvre Jacques Anouma qui me contredira sur ce dernier point quand on se rappelle comment il a été soigneusement écarté de la dernière course à la présidence de la confédération. (En même temps, faut rappeler qu'il n'a pas été beaucoup soutenu déjà chez lui... Bon, ce qui est fait est fait, dit-on.) Toujours est-il qu'au moyen d'un tour de passe-passe dont lui et ses sbires seuls ont le secret, voilà Aaaaaaaah! yatou en train de briguer un 7è mandat après s'être offert le luxe d'une candidature unique en ce 3è millénaire.
Sans vouloir revenir ici sur l'incongruité d'un texte juridique qui, relativement à la question du mandat, ne l'a limité que quant à l'âge (j'ai nommé les statuts de la CAF), il serait temps que les africains arrêtent de se ridiculiser de la sorte devant la face du monde. (Du monde? Peut-être pas, finalement, quand on passe également au scan les agissements de Blatter. D'ailleurs, je soupçonne ces deux là d'être les meilleurs amis du monde.) Et pour pousser la moquerie à son comble, le monarque de Garoua osera se justifier en ces termes : "Je voulais partir, mais mon équipe
m’oblige à rester. Nous formons une équipe depuis plus de 25 ans, c’est dans
cet esprit que j’ai accepté de me représenter (...) Et cette fois, ce sera mon dernier mandat."
Un conseil : étant donné que c'est ton dernier mandat (enfin, si tu changes pas encore les textes ou si tu t'offres pas un nouvel acte de naissance), je te suggère, pour échapper à la dépression qui suit généralement la perte du pouvoir, de retourner au pays pour titiller Paul Biya sur le terrain politique. Avec vos deux expériences en dictature, ça promet un combat de titans...
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