lundi 9 février 2015

Les éléphants, rois d'Afrique !!!


Les éléphants ont tout - ou presque tout - écrasé sur leur passage en cette année bénie de 2015. Opposés à des cousins éléphants dès le premier match de cette compétition de la jungle, les pachydermes de Côte d'Ivoire n'ont pas voulu créer de conflit familial. En plus, les cousins guinéens étaient déjà trop fragilisés par l'épidémie d’Ebola sur leurs terres. C'est ainsi que les deux groupes d'éléphants ont finalement coupé la poire en deux. Quatre jours plus tard, c'est une colonie d'aigles qui viennent défier l’animal le plus lourd de la jungle. Mais en dépit de leur vivacité, les oiseaux de proie n'auront pas réussi à terrasser les pachydermes. Un dernier duel est donc imposé aux éléphants pour les départager dans ce groupe fort relevé. Il s'agit de celui les opposant à des lions dits indomptables, tant leurs crocs sont acérés. Mais c'est là que commencera véritablement la révolution de la jungle. Les fauves prétendus rois de la forêt sont dispersés de façon magistrale par les coups de trompes des pachydermes. Au tour suivant, rencontre avec des fennecs particulièrement agressifs et dont le petit gabarit en fait des adversaires fort redoutables. Mais là encore, les éléphants éjectent les fennecs de l'arène. Ensuite surgissent des léopards qui comptent sur leur rapidité d'exécution pour mettre à mal les éléphants. Mal leur en a pris... Ils sont décimés par les pachydermes. Du coup, voyant venir l'accession des éléphants au titre suprême, la nature leur impose un dernier défi : il  ne s'agira plus d'affronter d'autres animaux, mais plutôt des étoiles - et des étoiles noires de surcroît ! Autant dire un combat déséquilibré... Tout logiquement, les étoiles, particulièrement filantes et insaisissables, donnent le tournis à la rangée d'éléphants, espérant la faire s'écrouler par le vertige. Mais les pachydermes s'accrochent de toute la puissance de leurs pattes au sol devenu glissant de la jungle. Le combat durera ainsi des minutes, des heures... un moment interminable ! Jusqu'à ce que l’arbitre suprême décide de mettre fin aux débats par l'épreuve fatidique des tirs aux buts. Il s'agira pour les étoiles noires de tenter de filer entre les pattes des éléphants, et pour ceux-ci, de tester leur adresse en décrochant les étoiles à l'aide de pierres projetées par leurs trompes. Cet exercice, qui a très mal démarré pour les pachydermes, se termine finalement - et contre toute attente - par leur triomphe. Et voilà donc l'éléphant redevenu roi de la jungle vingt-trois lunes plus tard...!

Bon O. K., ça c'était pour le côté imagé de l'histoire. A présent, quittons un peu la nature sauvage pour revenir en ville. 
26 janvier 1992 - 08 février 2015. Vingt-trois ans... Plus de deux décennies que la Côte d'Ivoire attend ça. Un deuxième sacre, une deuxième étoile sur son maillot ! Rien ne prédisait pourtant que le scénario serait aussi glorieux pour les nôtres. Échec au mondial 2014, changement de coach dans la foulée, tâtonnements sur la mission à confier au nouveau coach, phase éliminatoire à la limite du catastrophique, matches de préparation peu convaincants, des tonnes et des tonnes d'incertitudes sur le niveau de l'équipe avant d'entamer la compétition. Tout naturellement, on a frôlé la catastrophe durant les deux premiers matches, d'autant plus que c’était face aux deux équipes données comme jouables dans la poule. Et pour se dire la vérité, nous n'étions vraiment pas nombreux à croire en notre équipe au moment d'affronter le Cameroun. Mais c'est, je crois, ce jour-là qu'est véritablement née la nouvelle équipe, cette équipe fonceuse, rageuse, gagneuse... Ce jour-là, déjouant tous les pronostics, la Côte d'Ivoire sort le Cameroun. 
Mais que dire de la suite ? Dimanche 1er février 2015, la Côte d'Ivoire affronte l'Algérie. Auréolés de leur prestation remarquable lors du mondial brésilien, les fennecs, forts de leur position de nouveau 1er africain, sont logiquement présentés comme les favoris. (Ils le sont d'ailleurs depuis le début de la compétition.) Mais la vérité du terrain n'est pas celle des statistiques. Au terme des 90 minutes, c'est bien la Côte d'Ivoire qui va en demi-finales. Avec une leçon tactique digne des plus grands noms du coaching mondial, Hervé Renard se montre bien plus malin que Gourcuff. Place donc au dernier carré face aux léopards congolais, de vieilles connaissances... Si chacune des deux équipes a battu l'autre sur son terrain lors des éliminatoires, la victoire de la RDC a paru bien plus retentissante. C'est donc avec un maximum de confiance que les fauves s'en prennent aux pachydermes. Mais à l'arrivée, et suite à une nouvelle leçon tactique de Renard, c'est bien les éléphants qui s'ouvrent les portes de la finale. Et c'est là qu'on se met à croire à une répétition du scénario de 1992, puisque dans le même temps le Ghana apparaît comme largement favori dans l'autre demi-finale qui l'oppose à l'invité surprise - ou plutôt surpris - de pays organisateur.
Le soir du 08 février, comme prévu, c'est le Ghana qui se pointe face à la Côte d'Ivoire. (Mais avant cela, dans la soirée du 07 février, un reportage a été diffusé sur RTI 2 dans lequel Hervé Renard expliquait comment il avait réussi à battre la Côte d'Ivoire avec la Zambie lors de la finale de 2012. Il disait en substance qu'il savait d'avance qu'il jouerait contre une équipe plus forte, et qu'il avait donc mis en place une tactique pour contrer le jeu adverse jusqu'à l'épreuve aléatoire des tirs aux buts. Il fallait donc s'attendre à ce que la Côte d'Ivoire ne fasse pas le jeu face à la fraîcheur physique et à l'insouciance de la jeunesse ghanéenne.) Pour les éléphants, il fallait surtout être plus que solides en défense en espérant avoir le même tranchant sur les contre-attaques que lors des deux matches précédents. Mais que ce fut dur...! Le beau jeu a été évidemment du côté ghanéen tandis que la Côte d'Ivoire, moins incisive sur ses attaques, rompait en défense mais heureusement sans plier. Avec en plus un brin de chance, les ivoiriens réussissent à contenir les ghanéens jusqu'aux tirs aux but. A ce moment là, on se dit que l'histoire est en train de se réécrire et que si les ghanéens devaient s'adjuger le Graal, ils l'auraient fait au cours même des 90 minutes réglementaires. Mais suite aux deux premiers tirs de la Côte d'Ivoire, le sang semble s'être asséché dans les veines des supporters ivoiriens. On semble en effet plus proche d'un remake de 2006 ou de 2012 que d'un 1992 bis. Nombreux parmi nous ont même arrêté de suivre la séance, persuadés que le trophée avait déjà pris la route de Accra. Mais Dieu semblait de nationalité ivoirienne ce soir, car la suite des événements relève tout simplement du fantastique. Sinon, comment expliquer que le Ghana, avec deux tirs au but d'avance, se fasse rattraper et même battre in fine ? Et c'est finalement Barry Copa, le mal aimé et relégué sur le banc depuis le début de la CAN, qui est le héros de tout un peuple après avoir arrêté deux penalty (du jamais vu !) et surtout marqué le penalty de la victoire. Explosion de joie et scènes démentes dans les rues des villes du pays tout entier. Les vibrations se ressentent même jusque très loin, dans les logis des ivoiriens de la diaspora. Après vingt-trois ans d'attente et deux rendez-vous manqués, elle sera finalement là, la coupe d'Afrique des nations, sur les bords de la lagune ébrié. 
Bravo, champions ! Mention spéciale à Hervé Renard qui rentre dans l'histoire comme le premier entraîneur à remporter la CAN avec deux équipes différentes, et surtout à trois ans seulement d'intervalle. Bravo à lui pour avoir su allier parfaitement jeunesse et expérience et avoir fait de cette équipe expérimentale une machine à gagner. Bravo à tous ces jeunes qui intégraient la sélection et qui, bien que disputant seulement leur première CAN, se sont convenablement fondus dans le collectif. Oui, bravo à Gohouo, Bailly, Kanon, Tallo, Aurier, Serey Dié et j'en passe pour votre sang-froid déconcertant même dans les situations les plus chaudes. Aux âmes bien nées, la valeur n'attend vraiment pas le nombre d'années... Bravo également à vous, les gars de la transition inter-générationnelle : Gervinho, Kalunho, Bony, Gradel, Tioté, Doumbia et tous les autres pour votre implication et votre combativité. Bravo aux anciens Copa, Kolo, Yaya, Chico pour votre vision du jeu et la voie tracée pour les générations à venir. La nation vous remercie pour la joie que vous venez de lui procurer et qui restera gravée dans son cœur. Bravo aussi à tous ces grands noms qui ont dû raccrocher les crampons ou qui n'ont pas été sélectionnés pour cette CAN, mais qui ont contribué, à travers leurs prouesses, à hisser notre équipe nationale au sommet du foot africain. Je pense à Drogba, Zokora, Romaric, Eboué, Kader et bien d'autres. Cela aurait été tellement beau que certains parmi vous soient présents hier au stade de Bata pour soutenir vos cadets. Mais bon... Merci à la fédération, au ministère et à tous les acteurs du football ivoirien pour les moyens mis à la disposition des nôtres afin de nous ramener le trophée tant convoité à l'échelle continentale. Merci à Ben Badi, Gadji Celi, Didier Otokoré, Gouamené Alain, Aka Kouamé et à toutes les anciennes gloires du football ivoirien pour avoir insufflé à ces jeunes l'esprit de 1992.
Vive les éléphants ! Vive la Côte d'Ivoire qui gagne ! Et rendez-vous en 2017 !

PS : Je n'aurais su achever cet article fort émouvant sans m'adresser aux sapeurs de moral. Oui, à tous ceux qui pensent que cette victoire n'est que celle d'une partie de la Côte d'Ivoire, laissez-moi vous dire que les joueurs qui composent notre équipe viennent de toutes les régions, de tous les villages, de tous les hameaux de Côte d'Ivoire. C'est donc bel et bien la coupe de toute la nation ivoirienne et c'est vraiment dommage de vouloir s'exclure de cette fête.
Pour ce qui est de la récupération politique, c'est quelque chose d'heureusement ou de malheureusement inévitable. Houphouët s'est bien vanté d'avoir été le premier président à voir donné la CAN à la Côte d'Ivoire. Gbagbo également s'est quasiment approprié la première qualification de la Côte d'Ivoire à un mondial. Comprenez donc que Ouattara en fasse de même après l'avoir surtout manqué d'un cheveu en 2012. Tout chef d’État sous le mandat de qui la nation remporte quelque chose de glorieux aura toujours tendance à le ramener à sa propre personne. C'est bien cela la politique... Laissez donc la politique aux politiciens et savourez sans ambages ce trophée qu'on a trop longtemps attendu. Vive l'esprit sportif et à bon entendeur, salut !

2 commentaires:

  1. Je regrette pas d'avoir pris la peine de lire tout ça ... Merci riquelme!
    STAY BLESS

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  2. Merci mon frère pour ton attention. C'est grâce à des types biens comme toi que je suis toujours inspiré...

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