Mes Livres

mercredi 4 novembre 2015

Conférence de presse post-électorale (3ème partie)


- Voilà ! Nous sommes de retour sur ce plateau pour la troisième et dernière partie de notre "service après vente" des élections présidentielles qui viennent de se tenir en terre éburnéenne. Sur les dix candidats retenus au départ, trois, et non des moindres, ont finalement décidé de ne pas aller aux élections. La raison, qui leur est d'ailleurs commune, c'est que les conditions n'étaient pas réunies pour l'organisation du scrutin. Alors, qu'avez-vous à dire aux Ivoiriens aujourd'hui ? Doit-on toujours compter avec vous en politique ? Vous d'abord, monsieur Banny.


- Avant de répondre à votre question, je tiens à présenter mes excuses à mes électeurs et même à l'ensemble des Ivoiriens pour ce rendez-vous manqué. Mais si j'ai fait le choix de me retirer, c'est justement parce que j'aime mon pays et que je ne voulais pas le voir s'embraser à nouveau. Je ne vais pas le ressasser ici, mais tout le monde sait qu'aucune condition élémentaire de transparence n'était réunie pour aller à ces élections.
- Justement, on a quand même du mal à comprendre que vous ayez battu campagne dans ces conditions pour vous retirer à la veille du scrutin. Cela fait limite amateurisme, alors qu'on vous sait l'une des grosses têtes de la scène politique nationale.
- Auriez-vous un problème avec mon "kounglo" ? s'offusque l'ex-premier ministre.
- Non mais, monsieur Banny, faut le prendre au sens figuré évidemment, se justifie le journaliste, se rendant compte sur l'instant de l'heureuse coïncidence en l'espèce entre le propre et le figuré.
- O. K., c'est parce que j'ai espéré jusqu'à la dernière minute que les choses changent.
- Pardon de vous le dire aussi franchement, mais cela dénote d'une naïveté de votre part. Vous savez bien que dans ces circonstances là, les choses ne changent pas aussi facilement. De plus, vous ne pouvez pas être concomitamment candidat pour changer l'avenir de ce pays et déserteur quand le moment arrive justement de passer au vote.
- C'est parce que vous n'avez pas conscience que l’amour du pays et le respect des règles démocratiques forment un tandem d'indécision en moi.
- Tout compte fait, on vous aura bien compris. Mais aujourd'hui, quel est l'avenir politique pour Banny en Côte d'Ivoire ?
- Je suis là et je reste. Banny n'est ni banni ni béni. Je fais juste mon chemin...
- Merci, monsieur Banny, et rendez-vous pourquoi pas en 2020 ? A vous maintenant, monsieur Essy. On vous sait l'une des figures emblématiques du règne d'Houphouët. Mais est-ce parce que vous ne vous êtes pas retrouvé dans la peau du candidat unique comme le père de la nation que vous avez désisté ?


- Posez-moi les bonnes questions, s'il vous plaît, cher ami. Pourquoi me parler de candidature unique à moi quand on sait précisément le nom de celui qui en a rêvé pour ces élections ? Je ne suis pas Ouattara, O. K.? Et c'est justement pour cela que j'ai préféré me retirer.
- Oui, on aura remarqué que vous avez été le premier à vous retirer de la course à la présidentielle cette année. Mais justement, moi ça me fait craindre un peu pour vous, le fait qu'à peine dans la peau d'un vrai homme politique vous vous en départissiez. D'aucuns disent que l'Elysée vous a fait des promesses de soutien pour vous pousser à affronter le président. Qu'y répondez-vous ?
- Nous sommes décidément dans un pays de scénaristes. Allez donc demander à Hollande s'il a mon numéro dans son répertoire téléphonique. D'ailleurs, si c'était le cas, pourquoi me serais-je retiré alors que j'avais le soutien d'une grande puissance ?
- Qui sont vos parrains alors ? Excusez-moi, mais vous débarquez comme ça sur la scène politique, sans parti, sans représentation à l'échelon national. Vous comptez forcément sur quelqu'un...
- Oui, vous avez raison. Je comptais sur l'intelligence des Ivoiriens. Mais ce n'est pas ce qu'ils m'ont montré, hélas !
- Si vous commencez à insulter le peuple ivoirien, je crois qu'on ne va pas y arriver là...
- Et vous, ça vous va quand c'est l'homme politique qui est insulté ?
- O. K., monsieur Essy, dernière question. Vous avez également rendu les 100 millions offerts pour la campagne électorale. Des regrets ?
- Ecoutez, moi j'ai connu la vie avec Houphouët. Ne me parlez donc pas d'une affaire de miettes.
- C'est justement ce que je voulais vérifier. Merci d'être venu et place à notre dernier candidat.


- Oui, c'est pas grave. Je suis dernier à une élection sans tête ni queue. Il est clair que dans un contexte différent, j'aurais été au moins parmi les trois premiers.
- Monsieur Koulibaly, vous auriez pu me laisser vous saluer d'abord avec tout le respect qui vous est dû...
- Non, finissons-en. D'ailleurs, je sais que vous allez me demander pourquoi j'ai pris les 100 millions. Eh bien, laissez-moi vous dire que ça ce n'est rien. Ouattara me doit encore un bon paquet d'argent.
- O. K. C'est vous qui faites l'interview alors... Dans tous les cas, je me souviens que vous avez été ministre de l'Economie dans ce pays. Vous êtes donc bien placé pour faire vos comptes avec le président. Seulement, je ne crois pas que les Ivoiriens soient intéressés ce soir par vos affaires personnelles.
- Tout est une affaire de personnes en politique. Vous ne le savez pas ?
- Non, je croyais plutôt que c'était une affaire de programme et de projet de société.
- Eh bien, détrompez-vous, cher ami. Nous sommes dans le temple des coups bas et de la mesquinerie. En politique, surtout chez nous, on autorise même les coups en dessous de la ceinture. Il n'y a pas de règle, si vous voulez savoir.
- O. K. On vous sait très en colère contre les dirigeants actuels, et même contre vos anciens compagnons du FPI. Mais est-ce cela que vous voulez qu'on retienne de vous finalement ?
- Je ne veux rien de spécial en termes d'image. Les gens récusent mon franc-parler, c'est tout. Or je ne peux pas me taire pour leur faire plaisir. Et si vous voulez mon avis à propos de cette mascarade électorale, je vous dirais que tout est à reprendre. 
- D'accord. Tout sera repris en 2020, ne vous inquiétez pas.
- Eh bien, vous me ferez signe quand ce sera fait, dit le leader de LIDER en se levant.
- Voilà, chers téléspectateurs, quoi de mieux comme conclusion à cette émission ? Levons-nous tous alors. Et n'oubliez surtout pas de prier pour notre chère Côte d'Ivoire. Elle en a sérieusement besoin...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire