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dimanche 26 juillet 2015

Le poulet, sponsor officiel de la drague en CI


Déjà qu'il est assez largement prisé dans les moments de grande réjouissance (anniversaires, baptêmes, mariages, etc) et dans les situations difficiles (funérailles, etc) voire obscures (sacrifices et autres rituels), le poulet tend à jouer un nouveau rôle dans le quotidien des Ivoiriens.
Tout commence par une rencontre physique - ou virtuelle, si l'on tient compte de la montée en puissance des réseaux sociaux. Ensuite se met en marche la machine de la drague. A ce niveau, les mecs semblent rivaliser en inventivité tant les techniques de séduction sont diverses et variées. Mais quelle que soit la méthode utilisée, arrive bien vite la phase de détermination d'un lieu de rendez-vous. Le jour J, on finit donc par se retrouver, on entre dans l'établissement, on prend place, on commande à boire, puis l'histoire se répète au moment de choisir le plat. Là, neuf filles sur dix demandent sans hésiter du poulet. Pourquoi donc s'acharnent-elles autant sur ce pauvre animal ? Est-ce vraiment parce que sa chair est plus succulente que toutes les autres ? Ou est-ce juste parce qu'elles veulent plumer ceux qui les invitent ? La réponse n'est pas évidente...
Toujours est-il que le poulet est l'accompagnateur favori des rendez-vous galants, à Abidjan notamment. Sa consommation semble adoucir la causerie, préparer les esprits et les corps à la suite de la soirée... Et s'il est avéré que les filles trouvent son goût exquis, le constat est bien amer quand on se met du côté du poulet. Que de vies perdues au quotidien... Pire, quand vient le week-end, c'est carrément l'hécatombe ! A l'évidence, le gallinacé a eu tort de poser ses valises parmi les hommes. Oui, il doit penser chaque soir au coucher du soleil à son triste sort tandis que les perdrix et autres parents proches, qui ont choisi la vie broussarde, ont une espérance de vie plus longue. Même les récurrentes épidémies de grippe aviaire dont il est victime ne semblent en rien freiner la frénésie des Ivoiriens au moment de mâcher sa chair. Et vu que sa classification comme espèce protégée en Côte d'Ivoire ne semble pas pour maintenant, le pauvre poulet continue de souffrir, souffrir, souffrir...
Rappelons-le, l'ennemi numéro un du poulet aujourd'hui en Côte d'Ivoire est la gent féminine. Et c'est peut-être par une espèce de vengeance post-mortem que le poulet met généralement ses consommatrices dans la dernière position qu'il avait avant de finir dans leurs assiettes. Que l'on ne s'étonne en effet pas de voir une fille qui a mangé du poulet piqué être, quelques temps plus tard, à son tour piquée au-dessus des flammes de la volupté, de même que celle qui a croqué un demi-poulet se retrouve allongée sur le flanc, à subir une invasion dans l'arrière-train. Je ne parle même pas de celle qui, après avoir osé manger un poulet entier, se retrouve écartelée, à la merci d'un partenaire animé du désir revanchard de rattraper ses récentes sorties d'argent.
C'est pourquoi, il convient d'achever cet article ainsi : aussi longtemps que des Ivoiriens dragueront des Ivoiriennes, celles-ci se déchaîneront sur le poulet ; et peu après, le poulet, du fond de leurs estomacs repus, les poussera à adopter des positions de poulet.

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