jeudi 21 juin 2012

Préface à un traité sur la politique africaine

  L
a politique ! Un terrain dangereux…
C’est, il faut oser le dire, ce à quoi renvoie aujourd’hui ce vocable pourtant positivement connoté jadis. Que n’était-il en effet noble, vertueux de faire la politique dans les civilisations antiques, notamment celle grecque ! A l’époque, la politique désignait l’art de conduire les hommes dans la société et s’appuyait sur la morale et l’équité dans la gestion des affaires publiques. La finalité de l’activité politique n’était donc que le bon ordre social, la réalisation de la cité idéale – la kallipolis comme l’aurait dit Platon. Mais, de la fin de la période médiévale jusqu’aux temps modernes, la politique subira une réorientation, plus précisément un travestissement, un dévoiement définitionnel. De sorte à échapper au monopole des philosophes, des savants, des sages… pour tomber entre les mains de tous, y compris de qui peut s’en servir aux fins les plus obscures. Machiavel entendra ainsi de politique toute stratégie, toute manœuvre – si tordue fût-elle – mise en œuvre pour la conquête du pouvoir. La politique dans cette acception est spoliée de sa dimension morale et devient synonyme de ruse, d’artifice, d’intrigue…. Bref, une activité aléatoire, un fourre-tout où sont susceptibles de coïncider tant des aspirations vertueuses que des plans diaboliques – ces derniers étant d’ailleurs de loin les plus dominants. Aujourd’hui, tous les coups sont possibles en politique. Surtout en Afrique, continent qui peut se targuer d’avoir donné naissance aux plus grands héritiers de la pensée de Machiavel. Dont certains même, s’ils lui avaient seulement été contemporains, en auraient indubitablement bouché un coin au légendaire homme d’Etat romain…


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